Les Ephesia grammata (du grec ancien Ἐφέσια γράμματα), littéralement les « formules d'Éphèse » sont l'une des plus célèbres formules magiques de l'Antiquité.
Déjà connues au milieu du IVe siècle av. J.-C., les Ephesia grammata à proprement parler sont au nombre de six. Elles nous sont connues par deux auteurs de l'ère chrétienne, Clément d'Alexandrie[1] et Hésychios[2], qui citent tous deux le pythagoricien Androcyde : ἄσκιον, κατάσκιον, λίξ, τετράξ, δαμναμενεὐς et αἴσια (αἴσιον chez Hésychios).
Selon la tradition, elles sont, à l'instar de l'hexamètre dactylique, l'œuvre des Dactyles du mont Ida[3]. Pausanias le Grammairien indique qu'elles sont gravées sur les pieds, la ceinture et la couronne d'Artémis, c'est-à-dire la statue de culte du temple d'Artémis à Éphèse[4]. Elles semblent en réalité avoir une origine phrygienne ou crétoise[5], sans lien initial avec l'Artémis d'Éphèse, qui n'est pas une déesse de la magie[6]. On a suggéré que l'adjectif ephésia ne se rattachait pas initialement à Éphèse, mais provenait du verbe ἐφίημι / ephíêmi, au sens de « lâcher, relâcher »[7] ou encore du babylonien epêšu, « ensorceler »[8].
La fonction des Ephesia grammata est, de manière générale, de prévenir le malheur. Elles peuvent être invoquées oralement[9] ou être inscrites sur une amulette en cuir ou en bois portée autour du cou[10]. Selon Plutarque, les mages conseillent aux possédés de réciter les formules pour chasser le démon[11]. Une anecdote rapportée par plusieurs grammairiens[12] met en scène un boxeur éphésien portant les Ephesia grammata inscrits sur une amulette à la cheville ; il bat à plusieurs reprises son adversaire milésien aux Jeux olympiques jusqu'à ce qu'on découvre le pot aux roses. Sans son amulette, l'Éphésien est facilement battu.
Si lexicographes de l'Antiquité s'accordent à reconnaître que les Ephesia grammata n'ont aucun sens[13], la croyance populaire en fait parfois le nom d'entités puissantes auxquelles s'adresse la personne qui les implore. Ainsi, une tablette en plomb du IVe siècle av. J.-C. provenant de Crète invoque la protection d'Aski Kataski, Lix, Tetrag et Damnameneu, présentés comme des esprits bienfaisants ; Lix en particulier est un esprit du vent, le don de Zeus, la brise du soir qui apporte la fraîcheur[14]. Dans le Testament de Salomon, un apocryphe du IIIe - IVe siècle, on retrouve Lix, décrit cette fois comme un vent mauvais qui apporte la fièvre[15].
Peu de livres magiques ont été retrouvés à Éphèse. Une grande partie a sans doute été détruite au début de l'ère chrétienne, comme en témoigne un passage des Actes des apôtres situé précisément dans cette cité :
« Et un certain nombre de ceux qui avaient exercé les arts magiques, ayant apporté leurs livres, les brûlèrent devant tout le monde: on en estima la valeur à cinquante mille pièces d'argent[16]. »
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